Ne va pas t’imaginer que je mesure 1m80, que je suis mince, avec toutefois une forte poitrine et un petit cul bien galbé, des cheveux ondulés tombant presque sur mes reins, des jambes longues, longues, longues, etc. Non, en fait, c’est seulement qu’il m’arrive parfois (mais pas trop souvent hein) d’être gentille juste comme ça.
Je suis pas une sainte. Loin de là. D’ailleurs, si le paradis et l’enfer existaient, je ne suis pas certaine de ma destination, mais je pencherais pas nécessairement pour le paradis.
Je suis pas non plus une garce au cœur de pierre et même si j’avoue adorer biatcher et critiquer tout ce qui bouge, la méchanceté gratuite je supporte pas.
Alors il m’arrive parfois d’aider mon prochain. Comme ça. Sans rien en attendre en retour. Enfin, un petit sourire, ça fait quand même toujours plaisir.
Tiens, pour te prouver que je suis gentille, une photo de mes dernières vacances au soleil.
C'est cadeau, ne me remercie pas !
La dernière en date, peut-être inspirée après avoir lu ça chez la Blonde Paresseuse, c’est quand, en revenant de la station essence à Perpète-les-Oies je remontais tranquillement les files de voitures afin de rejoindre mon bureau.
Comme d’hab’, un autre scooter arrive derrière moi et s’insère à côté de moi au feu rouge. Et là il s’adresse à moi. En bonne parisienne (je sais je suis pas parisienne, mais je crois que je commence à plutôt bien m’insérer), ma première pensée a été : et merde, qu’est-ce qu’il me veut celui-là encore… Pas une sainte, c’est bien ce que je te disais.
Il s’agissait en fait d’un livreur de resto japonais qui avait quelques petits sushis soucis pour trouver son chemin. Il cherchait une rue dans une ville qui en comporte beaucoup et qu’il ne connaissait pas bien.
Me voilà partie à lui expliquer : vous êtes dans la bonne direction là faut continuer tout droit, puis plus loin à gauche, mais avant le grand rond-point puis encore à gauche et…
Là je réfléchis. En fait ça va pas aller là, s’il se pointe par là, il va arriver en haut de la rue qui est en sens interdit de ce côté et il va pas être bien avancé.
Je lui demande s’il voit où se trouve le lycée. Non. S’il visualise le cimetière alors. Non. Décidément, il la connait vraiment pas la ville… (j’apprendrai plus tard qu’il est livreur depuis moins d’une semaine).
Alors dépitée, je me retourne vers lui : « désolée, mais là, je sais vraiment pas comment vous décrire la route, ça va être compliqué ».
Il me regarde avec des yeux de cocker et me dit que tant pis, c’est pas grave.
Je suis vraiment désolée pour lui parce que j’aimerais bien l’aider mais je ne vois pas comment lui indiquer le chemin, s’il ne connait pas les points de repère, sans le perdre. Déjà qu’il revenait de l’autre bout de la ville où on l’avait malencontreusement envoyé à la recherche du temps perdu de cette fameuse rue.
Je regarde l’heure : je suis sur mon temps de travail. C’est pas du tout sur ma route. Tant pis je lui propose : « si vous voulez, vous n’avez qu’à me suivre, je vous y emmène ».
Grand sourire. Ca fait plaisir. Aller c’est parti on y va. Je lui suggère quand même de se trouver un plan pour le reste de la journée (sinon elle risque d’être longue) et le dépose dans la rue indiquée.
Il se confond en excuse et me remercie avec le sourire. Et tu vois, rien que ça, ça m’a filé la patate pour le reste de l’après-midi.
Et toi, ton dernier geste de bonté désintéressé, c’était quoi ?